Plusieurs métaux ont vu leurs prix baisser dernièrement, les investisseurs anticipant une baisse de la demande initiée par une rentrée en récession de l’économie mondiale. Mais pour les spécialistes de Mirabeau, le platine pourrait sortir du lot grâce à une forte demande venant de l’industrie automobile.
Valeur refuge par excellence pendant les turbulences économiques, l’or a pourtant perdu de sa superbe. La relique barbare a perdu près de 10% depuis le 1er janvier, souffrant de l’appréciation du dollar qui est la devise de référence du marché aurifère. Et plus le billet vert se renforce, plus l’achat du métal jaune est onéreux. Les investisseurs se détournent mécaniquement de ce précieux métal pour s’intéresser à d’autres actifs.
Le platine a également souffert et se négocie à des plus bas depuis l’été 2020. Pourtant, la demande est bien présente pour ce métal noble. Plus lourd et plus résistant que l’or, le platine est connu pour être utilisé dans la bijouterie pour la fabrication de bijoux « éternels. » Le métal est aussi intégré dans des quantités infimes dans des médicaments anticancéreux, ou est même vital pour l’approvisionnement mondial en pétrole. Sans ce précieux métal, les raffineries de pétrole ne pourraient pas produire assez de carburant pour satisfaire la demande.
L’industrie automobile, moteur de la demande en platine
Mais c’est surtout l’industrie automobile qui consomme le plus de platine puisque 43% des ressources mondiales de ce métal sont utilisés par ce secteur, rappelle Mirabaud. Le durcissement de la réglementation sur les émissions polluantes, qui a pour conséquence une augmentation des quantités de platine par véhicule, devrait alimenter la demande.
« Plus de 40% de tout le platine utilisé en 2021 a servi à diminuer les émissions dans les pots catalytiques de voitures diesel. La volonté mondiale de réduire encore plus les émissions verra probablement une croissance de l’utilisation du platine », rappelle dans une note John Plassard, directeur chez Mirabaud & Cie.
« Certains analystes prédisent que le marché mondial des convertisseurs catalytiques pourrait croître de 47% jusqu’à la fin 2022, pour atteindre une valeur de 55 milliards de dollars. La Chine pourrait même encore augmenter ses charges de platine dans les convertisseurs catalytiques des véhicules lourds en raison de normes d’émission plus strictes » ajoute le spécialiste.
Deux forces contraires
Le platine est pris en étau entre deux forces contraires. L’offre totale de platine est appelée à se contracter de 8% cette année, d’après les projections du World Platinum Investment Council citées par la note. Dans le même temps, la demande de convertisseurs catalytiques en Chine reste élevée, ce qui est de nature à soutenir les prix. Le spécialiste pointe néanmoins la force du dollar qui découle du ton « belliciste » de la Réserve fédérale américaine. La vigueur du billet vert a ainsi limité le rebond du platine par rapport au plus bas de 26 mois de 830 dollars atteints le 1er septembre. Mais pour John Plassard, « la tendance pourrait s’inverser. »
Pour investir dans le platine, le spécialiste a identifié plusieurs ETFs (fonds cotés qui répliquent la performance d’un indice ou d’un sous-jacent) dont PPLT -the ETFS Platinum Physical Shares ETF ou PLTM -First Trust ISE Global Platinum Index ETF.
Par ailleurs, l’investissement dans une société cotée uniquement spécialisée dans le platine est plus difficile depuis le rachat de Stillwater Mining Company par Sibanye Gold en 2017. Mirabeau cite donc des entreprises diversifiées telles qu’Anglo American Platinum (ADR)-(NYSE:VALE), Impala Platinum Holdings Limited (ADR)-(NASDAQOTH:IMPUY) ou Sibanye Gold (ADR) -(NASDAQOTH:SGL SJ).
« Il est difficile aujourd’hui de dire qu’il faut s’intéresser aux métaux, car la récession qui pointe son nez va avoir un impact sur la demande. Cependant, le platine pourrait être une exception dans le domaine puisqu’il dépend de nombreux autres facteurs » conclut John Plassard.
