Les pays BRICS cherchent à se libérer de la suprématie du dollar

Depuis leur création en 2001, les BRICS – Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud – ont évolué pour devenir un acteur géopolitique majeur sur la scène internationale. Leur sommet annuel, prévu du 22 au 24 août à Johannesburg, attire l’attention en raison de plusieurs éléments clés, dont l’absence du président russe Vladimir Poutine et la perspective d’ouverture à de nouveaux membres. Pascal Boniface, géopolitologue et directeur de l’IRIS, décrypte pour nous la vision et l’avenir de ce groupe de pays émergents.

L’absence de Vladimir Poutine lors du sommet est une surprise, mais pas une aberration. L’Afrique du Sud, hôte de l’événement, craignant les pressions américaines, a préféré que le président russe participe virtuellement. Cette décision ne devrait pas occulter le principal enjeu de ce sommet : l’expansion du groupe. Face à une hégémonie occidentale déclinante et à l’ascension de puissances émergentes comme la Chine, les BRICS envisagent l’élargissement de leurs membres pour inverser les polarités géopolitiques. Néanmoins, cela soulève des questions sur leur capacité à offrir une véritable alternative politique et économique.

Les BRICS ont déjà connu une transformation significative depuis leur création, passant d’un concept théorique à une réalité géopolitique influente. Cette évolution reflète les intérêts communs développés au fil du temps, symbolisés par le sommet annuel et la création de la Nouvelle Banque de Développement (NBD). Les BRICS ne sont plus seulement des pays émergents, mais des acteurs clés qui remettent en question l’hégémonie du dollar.

La fin de l’hégémonie du dollar est l’objectif central des BRICS. Les membres du groupe cherchent à échapper à la « dictature du dollar » qui favorise les États-Unis et leurs sanctions potentielles. De nombreux pays, notamment en Afrique, en Amérique du Sud et au Moyen-Orient, s’efforcent de diversifier leurs échanges commerciaux en utilisant des monnaies alternatives comme le yuan. L’objectif n’est pas d’éliminer complètement le dollar, mais de réduire son influence et de mettre fin au monopole occidental sur les échanges commerciaux.

La position des pays occidentaux, y compris les États-Unis, face à cette dédollarisation émergente est complexe. Alors que certains pays européens souhaitent également réduire la prédominance du dollar, le sujet de l’extraterritorialité divise le monde occidental. En fin de compte, les BRICS sont en train de façonner un nouveau paysage économique mondial, remettant en question l’ordre établi.

L’expansion des BRICS est un enjeu crucial à l’avenir. Plusieurs pays, dont l’Arabie saoudite, ont exprimé leur intérêt à rejoindre le groupe. Si l’Arabie saoudite, dotée d’une puissance pétrolière considérable, devient membre, cela marquerait un tournant majeur. L’expansion est déjà en cours avec neuf membres de la Nouvelle Banque de Développement, et l’élargissement du groupe est susceptible d’être discuté lors du sommet actuel.

Les BRICS continuent de redéfinir l’ordre géopolitique et économique mondial, ouvrant la voie à de nouvelles dynamiques et à un équilibre des pouvoirs en mutation.