L’inflation ralentit, mais la consommation des ménages suscite des inquiétudes

L’inflation a connu une nette décélération en mai en France, une amélioration toutefois assombrie par une baisse accentuée de la consommation des ménages, annonciatrice de mois difficiles à venir pour l’économie du pays.

Une série d’indicateurs publiés mercredi par l’Institut national de la statistique (Insee) dresse un bilan mitigé de la situation économique française, à deux jours d’une possible dégradation de la dette publique du pays par l’agence de notation S&P Global.

La hausse des prix, qui avait atteint des niveaux inédits au cours de l’année écoulée, impactant directement les ménages, montre une accalmie bienvenue.

Les prix ont continué d’augmenter de 5,1% en mai par rapport à l’année précédente, mais moins fortement que les mois précédents (5,9% en avril et 6% en début d’année), selon l’Insee. C’est le point le plus bas depuis avril 2022.

Les prix de l’énergie, à l’origine du choc inflationniste en 2022, ont ralenti leur progression (2%), tandis que ceux de l’alimentation, principal moteur de l’inflation, ont également ralenti à 14,1%, bien que demeurant à un niveau élevé.

Le ralentissement se manifeste également dans les secteurs des services et des produits manufacturés.

Baisse de la consommation

« Cette tendance à la baisse devrait se poursuivre cet été et cet automne, suivant la diminution générale des prix des matières premières », a estimé l’économiste Sylvain Bersinger dans une note du cabinet Asterès.

Selon le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, il est « très probable que nous ayons atteint le pic » de l’inflation.

Cependant, « l’inflation est toujours présente. On ne parle pas encore de baisse des prix, mais plutôt d’un ralentissement », a averti Charlotte de Montpellier, économiste chez ING, interrogée par l’AFP.

Dans le but de freiner la spirale des prix dans les rayons des supermarchés, le gouvernement encourage cependant les grands acteurs de l’agroalimentaire à rouvrir les négociations avec les distributeurs.

Si l’inflation ralentit, les chiffres médiocres de la consommation des ménages assombrissent le tableau.

La consommation, l’un des principaux moteurs de la croissance, a accentué sa baisse en avril. Elle a chuté de 1% après -0,8% en mars et -0,3% en février, en raison d’une diminution de la consommation d’énergie et de produits alimentaires.

« Normalement, après une chute, on observe une reprise. Ce n’est pas le cas ici », constate Charlotte de Montpellier. « Il est clair que les perspectives économiques se détériorent rapidement et de manière significative », a-t-elle commenté, ajoutant qu’il faudra probablement s’attendre à un deuxième trimestre moins favorable que le premier en termes de croissance.

Entre janvier et mars, le produit intérieur brut (PIB) de la France a enregistré une hausse modérée de 0,2%, soutenue par le commerce extérieur tandis que la demande intérieure a été en berne.

« Risques » pour la croissance

« Nous résistons » mais « je suis lucide sur les risques qui pèsent aujourd’hui sur notre croissance et sur l’économie française », a déclaré sur France Inter le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, évoquant un environnement économique « plus difficile », marqué par l’entrée en récession de l’Allemagne et la persistance de la guerre en Ukraine.

Pour l’ensemble de l’année 2023, qui devrait connaître un fort ralentissement, il a confirmé mercredi son anticipation d’une croissance à 1%, plus optimiste que les prévisions de la Banque de France (0,6%) ou du Fonds monétaire international (FMI) (0,7%).

Avant l’évaluation très attendue de S&P, il a aussi réaffirmé sa détermination à remettre sur pied des finances publiques malmenées par les crises sanitaire et énergétique, assurant qu’il serait « intraitable » sur la réduction des déficits et sur le désendettement de la France.

La petite progression du PIB au premier trimestre fait suite à une atonie de la croissance sur les trois derniers mois de 2022, révisée en baisse de 0,1 point comme celle de l’ensemble de l’an dernier, à 2,5%.

Les investissements des entreprises se sont repliés, pénalisés notamment par la raréfaction du crédit et la remontée des taux d’intérêt après le resserrement monétaire musclé opéré par la Banque centrale européenne (BCE) pour juguler l’inflation et revenir à l’objectif de 2% d’ici 2025.