Livret A, LEP, LDDS : quelles rémunérations anticiper en février 2026

Les détenteurs de livrets d’épargne réglementée s’apprêtent à entrer dans une nouvelle phase de repli des taux d’intérêt. Après plusieurs ajustements à la baisse intervenus depuis l’été 2025, les prochaines révisions attendues au 1er février 2026 devraient prolonger cette trajectoire, sous l’effet d’un ralentissement marqué de l’inflation et de la normalisation progressive des conditions monétaires. Le Livret A, le Livret de développement durable et solidaire (LDDS) et le Livret d’épargne populaire (LEP) sont directement concernés par cette évolution.

Depuis le 1er août 2025, la rémunération du Livret A est fixée à 1,7 %, tandis que celle du LEP s’établit à 2,7 %. Ces niveaux contrastent fortement avec ceux observés au premier semestre 2023, lorsque la forte poussée inflationniste avait porté les taux à 3 % pour le Livret A et jusqu’à 6,1 % pour le LEP. La décrue progressive des prix à la consommation a depuis entraîné un ajustement mécanique des rendements, conformément aux règles de calcul encadrant ces produits.

La méthode de fixation du taux du Livret A repose sur une formule combinant deux indicateurs : l’évolution de l’inflation hors tabac sur les six derniers mois et la moyenne des taux interbancaires à court terme observés sur la même période. La révision intervient deux fois par an, au 1er février et au 1er août. Les données récentes publiées par l’Insee montrent une inflation durablement contenue, avec des variations mensuelles comprises entre 0,8 % et 1,1 % depuis l’été. En octobre, la hausse des prix hors tabac s’est établie à 0,9 %, confirmant un environnement désinflationniste.

En agrégeant les données disponibles entre juillet et octobre, la moyenne semestrielle de l’inflation ressort autour de 0,93 %. Si les chiffres de novembre et décembre restent proches de ce niveau, l’inflation moyenne du semestre pourrait difficilement dépasser 1 %. En parallèle, les taux interbancaires, utilisés comme seconde composante de la formule, évoluent autour de 1,9 %. L’application stricte de la règle de calcul conduirait ainsi à un taux théorique du Livret A compris entre 1,4 % et 1,5 % à compter du 1er février 2026. Ce niveau s’appliquerait également au LDDS, dont la rémunération est systématiquement alignée sur celle du Livret A.

Le Livret d’épargne populaire obéit à un mécanisme plus direct. Sa rémunération correspond à la moyenne semestrielle de l’inflation hors tabac, arrondie au dixième de point le plus proche. Sur la base des données actuellement disponibles, ce taux de référence se situerait autour de 1 %. Néanmoins, la réglementation prévoit un plancher spécifique : le taux du LEP ne peut être inférieur à celui du Livret A majoré de 0,5 point. Cette disposition garantit un différentiel minimal en faveur des ménages éligibles à ce produit.

Dans l’hypothèse d’un Livret A fixé à 1,4 % ou 1,5 %, le rendement plancher du LEP serait donc compris entre 1,9 % et 2 %. Ce mécanisme limite l’ampleur de la baisse par rapport au niveau actuel de 2,7 %, sans pour autant empêcher un ajustement significatif. L’écart potentiel atteint ainsi entre 0,7 et 0,8 point sur un an, reflet direct de l’évolution des indicateurs macroéconomiques.

Les autorités monétaires disposent toutefois d’une marge d’intervention. Le gouverneur de la Banque de France formule des propositions de taux au ministre de l’Économie, qui peut décider de s’écarter de la formule afin de préserver l’attractivité de certains produits, en particulier le LEP. Ces dernières années, ce levier a été utilisé à plusieurs reprises pour soutenir le pouvoir d’achat des ménages modestes, malgré un environnement inflationniste plus favorable.

Pour les épargnants, ces ajustements se traduiront par une diminution progressive des intérêts versés à partir de 2026, en particulier pour ceux dont l’épargne est majoritairement placée sur des supports réglementés. Le rendement réel, une fois l’inflation prise en compte, restera néanmoins positif tant que la hausse des prix demeure inférieure aux taux servis, ce qui distingue cette période de celle précédant le cycle inflationniste récent.

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