Macron joue la montre sur le mégaprojet guyanais « Montagne d'or »

Emmanuel Macron a appelé vendredi les Guyanais à participer au débat public sur le projet controversé « Montagne d’or » d’extraction aurifère en forêt guyanaise, à l’issue duquel sera prise la décision de l’autoriser ou non. « J’invite les Guyanais à s’intéresser à ce débat qui est un moment de transparence et de concertation », a déclaré le président devant la presse au deuxième jour de sa visite en Guyane.

Ce débat, organisé par la Commission nationale du débat public, doit durer quatre mois à partir de mars 2018. « Les décisions » sur l’avenir du projet « ne seront prises qu’à l’issue de celui-ci », a précisé M. Macron. La « Montagne d’or », plus grand projet d’extraction d’or primaire jamais proposé en France, rencontre de farouches oppositions de chefs coutumiers et d’organisations écologistes, qui dénoncent la proximité du site minier, près de Saint-Laurent-du-Maroni (ouest), avec deux réserves biologiques, dont la plus grande de France.

En revanche, il est soutenu par le Medef et certains responsables politiques, qui en attendent la création de « 750 emplois directs et 2.500 indirects », et plus de 300 M d’euros d’impôts et taxes. « Il faudra que le projet, pour qu’il puisse avancer, réponde à l’ensemble des contraintes » fixées en termes « environnementaux, d’acceptabilité démocratique et de répercussions économiques », a indiqué M. Macron.

Macron avait pris position pour le projet à Bercy

« Le soutien du gouvernement sera conditionné au respect des engagements de la charte sur les mines durables et sur la capacité qu’aura le projet à répondre sur l’ensemble des sujets qui seront soulevés dans le cadre du débat public », a-t-il ajouté. Lorsqu’il était ministre de l’Économie de François Hollande, M. Macron « avait pris position de façon vigoureuse » pour soutenir ce projet, a rappelé l’Élysée.

Présent en Guyane, le secrétaire d’État à la Transition écologique et solidaire Sébastien Lecornu a indiqué que le « vrai défi » était « de s’assurer que le peuple autochtone puisse accéder au débat public ». Evoqué pour 2022, le projet de mine est porté par le consortium russo-canadien Nord Gold/Columbus Gold, qui prévoit d’extraire « 6,7 tonnes » d’or par an pendant « douze ans », soit une valeur estimée à plus de 3 milliards d’euros.

Mais le Fonds mondial pour la nature (WWF) estime, lui, que le projet suit un « modèle économique fragile et potentiellement déficitaire ». M. Macron a par ailleurs annoncé vendredi le lancement d’une nouvelle organisation pour lutter contre l’orpaillage clandestin en Guyane.

(Avec AFP)

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