Macron : le bilan d’une dette colossale de 1000 milliards

L’héritage économique du d’Emmanuel Macron laisse la France face à un défi financier sans précédent. L’accumulation vertigineuse de la dette publique, qui frôle désormais les mille milliards d’euros depuis 2017, témoigne d’une gestion financière qui soulève de nombreuses interrogations parmi les experts et les institutions internationales.

La trajectoire de l’endettement français se démarque nettement de celle de ses voisins européens. Selon les données du Fonds Monétaire International (FMI), la France a connu une augmentation de son ratio dette/PIB de 14,2 points de pourcentage, un chiffre nettement supérieur à la moyenne de la zone euro qui s’établit à 4,6%. Cette divergence marquée interpelle d’autant plus que les pays voisins ont dû faire face aux mêmes défis économiques majeurs : pandémie de Covid-19, crise énergétique et conflit en Ukraine.

L’Institut National de la Statistique et des Études Économiques (INSEE) révèle que l’endettement des administrations publiques françaises a franchi le seuil symbolique des 3000 milliards d’euros au printemps 2023, pour atteindre 3157 milliards en mars 2024. Cette progression fulgurante a motivé la création d’une commission d’enquête parlementaire, présidée par Philippe Juvin, chargée d’examiner les causes de cette explosion de la dette et ses répercussions sur le pouvoir d’achat des Français.

L’analyse de l’Observatoire Français des Conjonctures Économiques (OFCE) apporte un éclairage nuancé sur les facteurs ayant contribué à cette situation. Environ 69% de l’augmentation de la dette serait imputable aux mesures d’urgence prises en réponse aux crises successives. Le fameux “quoi qu’il en coûte” présidentiel s’est ainsi matérialisé par le financement massif du chômage partiel durant la pandémie et la mise en place de boucliers tarifaires sur l’énergie entre 2021 et 2023.

Toutefois, l’OFCE souligne que près d’un tiers de la dérive des finances publiques résulte de décisions politiques discrétionnaires. Parmi celles-ci figurent l’abandon de la taxe carbone, le doublement de la prime d’activité, la baisse de l’impôt sur le revenu, la suppression de la taxe d’habitation pour les 20% des ménages les plus aisés, ainsi que la réduction des impôts de production pour les entreprises. Ces mesures, souvent prises en réaction à des mouvements sociaux comme celui des “gilets jaunes”, n’étaient pas initialement prévues dans le programme économique du gouvernement.

François Ecalle, expert reconnu en finances publiques, pointe du doigt un manque de stratégie cohérente. Selon lui, la réduction des prélèvements obligatoires aurait dû être précédée d’une diminution des dépenses publiques, une erreur de séquençage déjà commise par les gouvernements précédents et qui contribue depuis des décennies à l’augmentation de la dette française.

L’évolution historique de l’endettement français est parlante : de 14,5% du PIB en 1974, il est passé à 20% en 1980, puis à 60% en 1999 lors de l’adoption de l’euro, pour atteindre aujourd’hui 110,7%. Paradoxalement, l’introduction de la monnaie unique européenne, censée favoriser la discipline budgétaire, semble avoir facilité cette progression. La bienveillance des partenaires européens et la politique monétaire expansionniste de la Banque Centrale Européenne (BCE) entre 2014 et 2021 ont créé un environnement propice à l’endettement.

Cependant, l’ère des taux d’intérêt quasi nuls est révolue. Le gouverneur de la Banque de France alerte sur l’explosion prévisible de la charge de la dette : de 29 milliards d’euros en 2020, elle devrait grimper à environ 58 milliards en 2024, dépassant le budget de la Défense, pour atteindre près de 80 milliards en 2027, un montant comparable au budget de l’Éducation nationale.

La situation française se caractérise par ce que les économistes appellent des “déficits jumeaux” : le déséquilibre des finances publiques se répercute négativement sur la balance commerciale. L’État s’endette pour financer les dépenses sociales, les salaires des fonctionnaires et l’emploi peu qualifié, ce qui stimule une consommation des ménages supérieure à la production nationale. Le différentiel est comblé par les importations, aggravant ainsi le déficit commercial.

Cette dynamique soulève des questions fondamentales sur le modèle économique français et la perception du rôle de l’État par les citoyens. L’échec d’Emmanuel Macron à convaincre les Français que leur pouvoir d’achat devrait résulter principalement de leur travail plutôt que de l’intervention étatique constitue un revers majeur de sa présidence.

La comparaison avec les autres pays de la zone euro est particulièrement révélatrice. Alors que la France a vu son taux d’endettement bondir de 14,2 points de pourcentage, l’Allemagne n’a connu qu’une augmentation de 4,1%, l’Italie de 5,1%, et l’Espagne de 8,1%. Cette divergence interroge sur l’efficacité des politiques mises en œuvre et sur la capacité de la France à maintenir sa crédibilité financière au sein de l’Union Européenne.

Le bilan économique de Macron met en lumière les défis structurels auxquels la France est confrontée. La dépendance croissante à l’endettement pour maintenir le niveau de vie et le modèle social français soulève des inquiétudes quant à la soutenabilité à long terme des finances publiques.

La prochaine administration devra impérativement s’attaquer à ce problème, en trouvant un équilibre délicat entre la nécessité de réduire la dette et celle de préserver la cohésion sociale. Cela impliquera probablement des réformes structurelles douloureuses et une redéfinition du rôle de l’État dans l’économie.

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