Pas de retour à la normale pour la SNCF avant 2021

La mise en vigueur à partir de samedi 15 janvier d’un couvre-feu général à 18 heures annoncé par le gouvernement n’est évidemment pas une bonne nouvelle pour la SNCF. Après un léger rebond de l’activité pendant les vacances de Noël, le taux de remplissage, en particulier sur la longue distance, est à nouveau en berne. Depuis le 5 janvier la compagnie publique a de nouveau réduit le nombre de ses trains en circulation avec un plan de transport réduit à 75% pour les TGV dont le taux d’occupation reste sous la barre des 50% (à 45%). « A ce niveau, les TGV qui circulent créent de la dette », a rappelé Christophe Fanichet, PDG de SNCF-Voyageurs, lors d’une réunion de l’Association des Journalistes des Transports et des mobilités (AJTM) ce vendredi 15 janvier.

Recul de 42% de l’activité voyageurs en 2020

Sur l’ensemble de l’année 2020, le transport des voyageurs (TGV, TER, Transiliens…) est en recul de 42%, a-t-il précisé. Avec cependant une baisse moins prononcée pour les TGV low cost Ouigo (-20%). Sans doute grâce à l’offre de prix bas. A Noël, 1,5 million de billets (sur les 4,5 millions vendus) ont été proposés entre 10 et 49 euros, rappelle le transporteur public.

Sans surprise, le

trafic de la clientèle business, restée en télétravail, dont dépend la rentabilité des TGV « a fondu comme neige au soleil avec une perte du chiffre d’affaires de 70 à 80% », déplore le PDG de SNCF Voyageurs. Au total, la branche voyageurs accuse une perte de 5 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2020 sur un total de 17 milliards. A quand la reprise? Difficile d’être optimiste alors que les taux de réservation en février sont en chute de 70% et de 80% en mars par rapport aux années précédentes.

Eurostar dans une situation critique

Les liaisons internationales, sont dans une situation particulièrement préoccupante. Impacté par la crise sanitaire et le Brexit, Eurostar est carrément « dans une situation critique », a indiqué Christophe Fanichet alors qu’il n’y a plus qu’un train par jour en circulation entre Paris et Londres! Le nombre de passagers a ainsi chuté de 85% en 2020.

Pressé de trouver une solution, le groupe ferroviaire tente actuellement d’obtenir des prêts d’Etat de la part des britanniques. Une recapitalisation est également sur la table dans le cadre du projet de fusion Greenspeed, toujours d’actualité, entre Eurostar et Thalys. La SNCF détient 55% du capital d’Eurostar aux côtés de la Caisse de dépôt et placement du Québec (30%) et du fonds britannique Hermes Infrastructure (10%) et de la SNCB belge (5%).

Réforme des tarifs du TGV pour l’été 2021

Dans ce contexte, la SNCF se projette plutôt sur l’été 2021 pour faire revenir les clients loisirs dans les trains. La clientèle professionnelle n’étant pas attendue avant l’automne prochain. Avec un projet phare: « l’Easy TGV ». Annoncé par le patron du groupe Jean-Pierre Farandou en septembre, il s’agit de revoir la gamme tarifaire des TGV en proposant notamment davantage de petits prix au dernier moment. « Nous sommes en train d’étudier différents scénarios en associant les équipes de TER, TGV mais également des associations d’usagers », a expliqué Christophe Fanichet qui promet des annonces « en juin-juillet ». Parmi les pistes sur la table: réduire l’utilisation du yield mamangement, cet outil qui permet d’optimiser le remplissage des trains, l’utiliser en fonction des lignes, seulement en semaine…

La SNCF veut aussi pouvoir étendre cette refonte tarifaire au reste de son offre de transport. « On devrait aussi pouvoir avoir un « Easy TER », poursuit le PDG de SNCF-voyageurs, avec des tarifs plus adaptés. Le lancement des abonnements télétravail pour les TER dans la Région Sud et Nouvelle Aquitaine sont des pistes qui vont dans ce sens ».

Durcissement des conditions d’annulation à la dernière minute

La flexibilité a toutefois ses limites. Ainsi, la politique d’échange et de remboursement gratuite des billets mise en place pour inciter les voyageurs à prendre le train pendant la crise sanitaire a été un peu durcie. Depuis le 5 janvier et jusqu’au 7 mars, cela est toujours possible mais à J-3 (72 heures à l’avance) du départ et en payant 15 euros par billet. Victime de son succès, la SNCF a dû gérer non pas une explosion des remboursements mais surtout une hausse des réservations de dernière minute. Soit l’effet inverse de celui souhaité. Les clients en ont profité également pour réserver plusieurs billets à la fois, multipliant les annulations tardives, ce qui complique encore un peu plus la gestion du taux de remplissage des trains par la compagnie.

Challenges en temps réel : Entreprise