Taxify le VTC encore moins cher qu'Uber débarque à Paris  

Va-t-elle déloger le leader américain Uber de Paris ? C’est bien trop tôt pour le dire, mais Taxify, la nouvelle plateforme  estonienne de VTC qui fait ses débuts à Paris aujourd’hui, ne manque pas d’ambitions. “On peut gagner 20% de part de marché en un an, nous assure son co-fondateur Markus Villig, 23 ans, de passage dans la capitale qui vise la place de leader en Europe.” Essentiellement en se battant sur les prix : La start-up annonce des prix inférieurs de 10% à ceux de la plateforme américaine et une commission de seulement 15% du chiffre d’affaire pour les chauffeurs qui se connectent à son application. Au lieu de 20 à 25% chez les concurrents.

Pour l’heure, il est vrai que les prix de lancement sont attractifs : Par exemple, pour un trajet de 5 kilomètres entre Paris-centre et Paris-ouest, d’une vingtaine de minutes, elle facture de 6,95 à 7,70 euros contre 14,89 euros chez Uber. Le trajet de Paris-centre à l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle coûte 45 euros avec Uber contre 20 à 22 euros avec Taxify. Mais reste à savoir s’ils resteront aussi bas sur le long terme, puisque la plateforme pratique, comme ses concurrents, le yield management, les prix augmentant donc en fonction de la demande. Plus chers les vendredi soirs…

Paiement en liquide

En revanche, Taxify se distingue des autres  en acceptant le paiement en liquide. “C’est un moyen d’attirer une clientèle qui n’a pas forcément de carte bancaire ou qui est encore réticente face à l’enregistrement en ligne,” observe Markus Villig. De manière générale, Taxify ne vise pas le marché des berlines haut de gamme, mais plutôt celui du low cost, “mainstream” d’Uber X. “Nos chauffeurs doivent avoir des voitures de milieu de gamme mais n’ayant pas plus de sept ans d’âge.”, poursuit le jeune dirigeant.

Crée en 2013 à Tallin (Estonie) avec son frère et un ami ingénieur, Taxify a déjà conquis  l’Est de l’Europe, de l’Estonie, son pays natal, à l’Ukraine ou encore la Géorgie. Elle est également présente en Afrique (Nigeria, Afrique du Sud…), au Mexique et au Moyen Orient . Au total, ses voitures circulent dans 19 pays et la plateforme revendique plus de 3 millions d’utilisateurs. Elle vise de nouveau la rentabilité en 2019, après l’avoir été l’an dernier, de quelques millions d’euros, avant les investissements de lancements en France.

C’est surtout la présence depuis cet été du chinois Didi Chuxing au capital (20%) de Taxify qui rend ce nouveau concurrent dangereux pour Uber mais également pour les plateformes françaises Lecab et autres chauffeur privé. Ce géant, valorisé 50 milliards de dollars a racheté les activités de Uber en Chine l’an dernier, à l’issue d’une longue bataille et ruineuse bagarre. Il est également présent au capital de l’application indienne de réservation de taxis Ola, et l’américain Lyft.

En France, les ambitions de Taxify laissent les concurrents dubitatifs. “Je ne vois pas en quoi ils innovent ni en quoi leur offre tarifaire est meilleure que la nôtre,” pointe Benjamin Cardoso, fondateur et dirigeant de l’appli Le Cab, rachetée par la SNCF, en faisant référence à l’offre de transport partagée à la demande, “PLUS “, qui propose des courses fixes à  5 euros dans Paris. La grogne viendra peut-être davantage des taxis : l’Union nationale des taxis (UNT) a fait savoir qu’elle allait saisir la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) au motif que “le nom de l’appli va créer la confusion dans l’esprit du consommateur.”

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