Algérie : début d’exploration de gaz de schiste par le consortium Statoil-Shell … quelques jours après l’assassinat de Hervé Gourdel

Simple hasard ? Alors que l’Algérie est pointée du doigt après l’assassinat de Hervé Gourdel, le consortium Statoil-Shell vient quant à lui d’entamer la toute première exploration d’hydrocarbures non conventionnels dans le pays.

Comme quoi le gâteau pétrolier algérien attire toujours autant de monde … Des majors que certains pourraient tenter de dissuader d’investir dans les gisements d’hydrocarbures du pays.

Ainsi, en dépit de l’opposition de nombreux spécialistes et des écologistes, l’exploration du gaz de schiste  est en train de devenir une réalité en Algérie, puisque Statoil et Shell ont obtenu mardi 30 septembre une licence pour le permis de Timisit, lequel se situe dans le bassin d’Illizi-Ghadames, d’une superficie de 2.730 km2, dans le Sud Est du pays. La première phase d’exploration devrait s’achever en 2017, et inclut le forage de deux puits et l’acquisition de données sismiques.

La société norvégienne Statoil sera opérateur à hauteur de 30 %, Shell à hauteur de 19 %, le solde de 51 % étant détenu par la compagnie publique algérienne Sonatrach.

A cette occasion, le country manager Algérie de Statoil, Bjorn Kare Viken, a estimé «acceptable» le niveau de sécurité dans les installations pétrolières et gazières en Algérie, ajoutant que la question «relève des prérogatives des autorités algériennes».

Le Wall Street Journal signale pour sa part qu’il s’agit du premier round d’appel d’offres depuis l’attaque terroriste mortelle survenue en janvier 2013 sur le site gazier de In Amenas, le dernier round de ce type datant de 2011. Durant le mois de septembre, Statoil a par ailleurs annoncé sa décision de remettre en activité les opérations courantes de l’usine, qu’elle exploite en partenariat avec BP,  PLC et Sonatrach.

A noter également qu’en mars 2013, l’Algérie a révisé sa loi relative aux hydrocarbures, autorisant notamment l’exploration et l’exploitation des énergies non conventionnelles.

Fait notable : seuls quatre des 31 blocs présentés à l’appel d’offres ont trouvé preneur.

Les trois autres licences ont ainsi été remportés, respectivement, par, le consortium de l’emirati Dragon Oil et l’italien Enel en ce qui concerne le site de Tinhert Nord, dans la région Est et celui de Mesari Akabli, dans la région Ouest, le consortium Repsol et Shell se voyant attribué quant à lui le permis Boughzoul dans la région nord.

Si l’on en croit l’Agence internationale de l’énergie (AIE), avec environ 700 billions de pieds cubes (TCF), l’Algérie se situe au 3eme rang mondial en en terme de volume de réserves de gaz de schiste techniquement récupérables.

– La France, partenaire de l’Algérie sur le gaz de schiste ?

Le 21 décembre 2012, Laurent Fabius, ministre français des affaires étrangères aurait fait quant à lui – selon l’hebdomadaire Le Point – la confidence suivante : l’Algérie et la France seraient en voie de signer un accord «permettant des recherches françaises dans le domaine de l’exploitation du gaz de schiste.

La « confidence » avait  alors suscité une réaction hostile du « Collectif euromaghrébin anti-gaz de schiste ». Le Dr Moussa Kacem, Maître de Conférences à l’université d’Oran (Algérie) avait ainsi renouvelé l’opposition du collectif à cette « activité de quelque type que ce soit, exploration ou exploitation », celui-ci estimant les conséquences d’une telle opération désastreuse « pour la nature, pour les écosystèmes et pour la santé des populations sahariennes ou non sahariennes » considérant que « les effets de contamination touchent tout le monde ». Selon le Dr Moussa Kacem, au final, “l’autorisation » de l’exploitation du gaz de schiste en Algérie « obéit à un agenda extérieur”.

L’ex-député Ali Haroun avait quant à lui a révélé que “des essais sur l’exploitation du gaz de schiste ont été effectués en Algérie avant même de déposer le projet de loi l’autorisant sur la table du Parlement”.

“L’Algérie est-elle condamnée à rester éternellement un pays fournisseur d’énergie ? Est-elle obligée pour satisfaire d’autres pays alors qu’elle peut réussir son autosuffisance avec l’agriculture et le tourisme et en s’épargnant le désastre qui la guette ?” s’était-il par ailleurs interrogé.

Face aux réactions des anti-gaz de schiste, le Premier Ministre, Abdelmalek Sellal avait alors affirmé que l’exploitation n’aura pas lieu avant 2040. Suscitant le doute de nombreux experts, lesquels laissaient alors entendre que la charrue avait été mise avant les bœufs ….

Dans l’hexagone, le  réseau RHONALPIN des collectifs opposés à l’exploitation des gaz et huiles de schiste considérait alors pour sa part que les recherches que le gouvernement français comptait alors mener en Algérie laissaient entendre que Paris compte exploiter « les gaz de schiste ailleurs, puis en France ».

Le réseau mettait parallèlement en doute la « valeur de ces expérimentations au regard des milieux géologiques, naturels et socio-économiques profondément différent de la réalité française », tout en estimant que leur objectif était de « présenter une évolution de la fracturation hydraulique comme propre afin d’obtenir l’agrément des citoyens français ».

Cet accord avec l’Etat Algérien « est en totale contradiction avec le discours de François Hollande pour un « partenariat d’égal à égal », indiquait par ailleurs le réseau en renouvelant son « opposition ferme à l’exploration et à exploitation des gaz et huiles de schiste ».

Rappelons enfin qu’en juin 2014, Laurent Fabius s’est de nouveau rendu à Alger pour deux jours, sa dernière visite en Algérie remontant donc à décembre 2012. Outre l’aspect sécuritaire, «les questions économiques occuperont aussi un large segment de ce déplacement», précisait alors le ministère des Affaires étrangères français. La presse algérienne s’interrogeait notamment sur le rôle joué par Paris dans la décision de Bouteflika d’aller vers l’exploitation du gaz de schiste.

Si du côté français, François Hollande affirme haut et clair qu’«il n’y aura pas de production de gaz de schiste» du côté algérien, avancées et reculades se font au gré des réactions de l’opinion. Cette dernière, faute de débat public sur les bienfaits ou les méfaits de l’exploitation de cette ressource, réagit avec force face à la politique du gouvernement de la mettre devant le fait accompli.

Element majeur : selon le site  Lesoirdalgerie.com  les Algériens « refusent que l’on ne leur explique pas pourquoi la France, qui a définitivement banni l’exploitation de cette ressource, veuille l’exploiter sur le territoire algérien », « faisant ainsi de l’Algérie un champ d’expérimentation pour les entreprises françaises interdites d’exploitation du gaz de schiste chez elles ». Tout est dit …

La bataille du gaz de schiste ne fait que commencer.

Sources : AFP, El Watan, Econews.com, Liberté-Algérie, Statoil, natural gas asia, Le Soir d’Algérie.com

Elisabeth Studer – 30 septembre 2014 – www.leblogfinance.com

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