L’événement : Coronavirus-Rapport de l’UE sur la désinformation chinoise, Pékin fait pression

par Raphael Satter, Robin Emmott et Jack Stubbs

WASHINGTON/BRUXELLES/LONDRES, 25 avril (Reuters) – La Chine a tenté de bloquer un rapport de l’Union européenne alléguant que Pékin avait alimenté la désinformation sur l’épidémie de coronavirus, selon quatre sources et courriers diplomatiques européens obtenus par Reuters.

Le rapport a finalement été publié, quoique juste avant le début du week-end en Europe, certaines critiques à l’encontre du gouvernement chinois ayant été toutefois édulcorées ou supprimées, signe du difficile équilibre que Bruxelles tente de maintenir au moment où la crise du coronavirus exacerbe les tensions internationales.

La mission chinoise auprès de l’UE n’était pas immédiatement disponible pour commenter ce rapport et le ministère chinois des Affaires étrangères n’a pas immédiatement répondu aux questions de Reuters.

« Nous ne commentons jamais le contenu ou le contenu allégué des contacts diplomatiques internes et de la communication avec nos partenaires d’un autre pays », a pour sa part déclaré une porte-parole de l’UE.

Un autre responsable de l’UE a déclaré que le rapport avait été publié normalement, sans être remanié.

Quatre sources diplomatiques ont déclaré toutefois à Reuters que le rapport devait initialement être publié le 21 avril, mais qu’il avait été retardé après que les autorités chinoises aient pris connaissance des conclusions préliminaires de ce rapport dans un article du site d’informations Politico.

Un haut responsable chinois a contacté des responsables européens à Pékin le même jour pour leur dire que « si le rapport est tel que décrit et qu’il est rendu public aujourd’hui, ce sera très mauvais pour la coopération », selon un courrier diplomatique européen obtenu par Reuters.

Cette même correspondance diplomatique cite un haut responsable du ministère chinois des Affaires étrangères, Yang Xiaoguang, pour qui la publication du rapport en question mettrait Pékin « très en colère », accusant également les responsables européens d’essayer de plaire à « quelqu’un d’autre » – une claire allusion à Washington selon les diplomates européens.

Les quatre sources ont indiqué que la publication avait bien été retardée, et une comparaison de la version interne du rapport obtenue par Reuters et de la version finale publiée vendredi soir a en effet montré plusieurs différences. (Avec Raphael Satter à Washington, Robin Emmott à Bruxelles et Jack Stubbs à Londres; version française Jean-Michel Bélot)


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