Ce qu’il faut vérifier pour éviter les mauvaises surprises avec votre épargne

Croyant bénéficier d’un placement sécurisé, plusieurs centaines de personnes ont perdu leurs économies investies dans la fintech lilloise Swoon, placée en liquidation judiciaire l’été dernier. Car les « néobanques » ne méritent pas toujours leur nom…

Des centaines, des milliers voire des dizaines de milliers d’euros. Envolés. Pour plusieurs centaines de clients de la « néobanque » Swoon, l’inquiétude est palpable. Attirés par les promesses de rendement de cette fintech lilloise, beaucoup y ont placé leurs économies.

Mais le Covid-19 a mis à mal l’entreprise, finalement placée en liquidation judiciaire l’été dernier.

La plupart des clients ont récupéré leur argent, assure au Parisien le fondateur de Swoon. Mais pas tous: « cela concerne seulement 140 d’entre eux, uniquement sur la partie épargne » précise Quentin Haddouche. Pour un montant total qui pourrait approcher le million d’euros.

Swoon proposait un livret rémunéré à 3%, un score impressionnant en comparaison au livret A et sa maigre rémunération de 0,5%. Aujourd’hui, rien ne permet d’assurer que les épargnants retrouveront leur argent placé.

Une banque… qui n’en est pas une

Après la crise financière de 2008 qui a ébranlé le secteur bancaire, comment expliquer qu’une banque ne soit pas suffisamment solide pour assurer les fonds des livrets d’épargne présentés comme sécurisés?

Tout simplement parce que Swoon n’était pas une banque. En réalité, Swoon gérait l’application bancaire mais c’est une autre entreprise, la Financière de garantie, qui gérait les fonds. Et là non plus, on ne peut parler ni de banque ni de néobanque.

« Elle n’avait pas les agréments nécessaires pour commercialiser un compte épargne ou proposer de prêter à des entreprises » explique au Parisien l’Autorité de contrôle prudentiel et de régulation (ACPR) qui régule le secteur bancaire.

En avril dernier, l’ACPR avait d’ailleurs tapé du poing sur la table concernant la dénomination de « néobanque », trop facilement accolé à des fintechs.

« Une ‘néobanque’ doit d’abord être une ‘banque’ pour pouvoir se référer à ce terme » prévient l’institution qui est intégrée à la Banque de France.

En ce sens, il est crucial de différencier les établissements de paiement et les établissements de crédits. Seuls les seconds peuvent proposer des solutions d’épargne, de crédit ou même un chéquier.

Les établissements de paiement sont en réalité des comptes sans banque, qui proposent des moyens de paiement (carte de crédit) et permettent de déposer ou retirer son argent. Mais il n’est pas possible d’être à découvert puisque cela revient à faire un crédit au client.

Partenariats et intérmédiaires

De cette distinction, découlent donc des conséquences directes. Certains clients de Qonto ou Shine, fintechs dédiées aux professionnels, avaient par exemple découvert qu’ils ne pouvaient pas obtenir de prêt garanti par l’Etat (PGE) puisque ces établissements n’avaient pas l’agrément requis.

Autre distinction: les établissements de paiement ne sont pas couverts par le Fonds de garantie des dépôts et de résolution (FGDR), réservé aux clients des banques. En revanche, la loi impose de séquestrer sur un compte spécial 100% des dépôts des clients, en cas de faillite.

Il existe d’autre statuts intermédiaires comme celui d’Intermédiaire en Opérations de Banque et en Services de Paiement (IOBSP) dont se revendiquait Swoon. Il peut se résumer à un rôle d’intermédiaire entre le client et une banque. Une vraie.

D’ailleurs, dans un contexte de resserement du marché, les fintechs s’associent avec des banques pour proposer toujours plus de services. Le compte Nickel, racheté par BNP Paribas, dispose ainsi du soutien d’une grande institution.

Le site regafi.fr permet de connaitre la catégorie d’un établissement pour vérifier son statut. Mais il faut bien préciser le nom de l’entreprise gestionnaire qui n’est pas toujours le nom commercial. Autre règle à avoir toujours en tête: se méfier comme la peste des rendements trop beaux pour être vrais…