La Chine profite à fond de la torture business

 Guerre et conflits n’offrent pas que des inconvénients pour certains. La preuve en est : la Chine profite de « l’occasion » pour se faire une place au « soleil», dans ce marché -malheureusement – prometteur. Ceci dit avec une point de cynisme, bien entendu.

Un récent rapport d’Amnesty International indique en effet que l’Empire du Milieu « favorise les violations des droits de l’Homme » dans divers pays d’Afrique et d’Asie en y exportant toute une gamme d’instruments de torture.

Selon l’organisation, plus de 130 entreprises chinoises profiteraient même de ce commerce en plein essor – elles n’étaient qu’au nombre de 28 il y a dix ans – vendant à qui veut bien l’acheter matraques électriques, fers aux pieds, bâtons cloutés ou sièges immobilisant les détenus.

Certains des articles commercialisés « sont intrinsèquement cruels et inhumains et devraient donc être bannis sur-le-champ », souligne avec force Amnesty.

L’Etat chinois quant à lui fait plus que fermer les yeux puisque ces entreprises sont pour la plupart des sociétés d’Etat.
Pas totalement étonnant dans un pays …. où la famille d’un condamné apprend la nouvelle de sa mort en recevant une enveloppe contenant les douilles qui ont servi à l’exécution, ainsi que la cordelette qui liait les mains du condamné. Joignant à cette enveloppe une facture pour « frais d’exécution » dus à l’État.  Pire encore, plusieurs  organes sont  ensuite récupérés par l’Etat pour les vendre, le marché de l’offre et de la demande déterminant encore il y a quelques années encore le jour de l’exécution pour les condamnés. Cette pratique a été réformée depuis 2007 et théoriquement le condamné doit donner son accord pour que l’Etat puisse prendre ses organes. Théoriquement  ….

Ainsi, si la Chine se prétend communiste … elle semble parfois adepte d’un capitalisme poussé à l’extrême.

Toujours selon Amnesty, des instruments tels que bâtons hérissés de pointes métalliques ont été utilisés par la police au Cambodge et exportés aux forces de sécurité du Népal et de la Thaïlande.

L’entreprise dénommée China Xinxing Import/Export a indiqué quant à elle en 2012 avoir des relations commerciales avec plus de 40 pays africains. Cette société vend notamment des menottes à pouces et des matraques électriques, ce dernier « outil » pouvant être utilisé pour appliquer des décharges extrêmement douloureuses sur des zones corporelles. Selon l’organisation, de telles matraques ont été vues aux mains de policiers au Ghana, en Egypte, au Sénégal ou à Madagascar.

D’autres matériels, qui certes peuvent être utilisés de manière légale dans un cadre de maintien de l’ordre –comme des véhicules anti-émeute, du gaz lacrymogène ou des projectiles — sont vendus à des services de polices de pays connus pour commettre de graves abus.

Amnesty rappelle par ailleurs que «des équipements antiémeute chinois ont également été utilisés pour réprimer l’opposition en République démocratique du Congo (Rdc) lors des élections de 2011, qui ont donné lieu à des violences faisant au moins 33 morts et 83 blessés».

« Le système d’exportation vicié de la Chine a permis au commerce de la torture et de la répression de prospérer », déplore Amnesty International. « Il est urgent pour les autorités chinoises de réformer de fond en comble leur législation commerciale afin de mettre un terme à ces transferts irresponsables de matériels ».

Selon Patrick Wilcken, chargé des recherches sur le commerce des équipements de sécurité et les droits humains au sein d’Amnesty International, « rien ne saurait justifier que l’on autorise la fabrication et le commerce de matériel dont l’objet principal est de torturer ou d’infliger des traitements cruels, inhumains ou dégradants à des personnes. Ces actes odieux sont totalement prohibés par le droit international et les autorités chinoises doivent sans délai interdire la production et le commerce de ces dispositifs cruels et inhumains.» Surtout que «des entreprises chinoises continuent en outre d’exporter du matériel qui ne peut avoir une utilisation légitime dans le cadre du maintien de l’ordre que si leur utilisation est conforme aux normes internationales et si les agents sont correctement formés et tenus de rendre compte de leurs actes.»

Pour que cette torture cesse, Amnesty International  exhorte les autorités chinoises et celles de tous les autres pays à«interdire immédiatement la production et le commerce des équipements dont l’utilisation est en soi abusive, prononcer la suspension immédiate et refuser l’octroi des licences commerciales pour la fourniture d’autres équipements destinés à des organes chargés de l’application des lois et à des forces de sécurité, s’il existe un risque substantiel de voir ces équipements servir à commettre ou faciliter des violations graves des droits humains».

Sources : Amnesty International, presse sénégalaise, Le Monde

Elisabeth Studer – www.leblogfinance.com – 30 septembre 2014


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