Les VTC ouvrent une porte syndicale

C’est une initiative inédite qui suscite la curiosité de par le monde. La France organise en mai prochain les premières élections professionnelles des livreurs de repas et des chauffeurs VTC. Histoire de réguler un secteur très critiqué pour ses conditions de travail. « Le but est d’améliorer les droits de ces travailleurs par la constitution d’un dialogue social de qualité avec les plateformes », explique Bruno Mettling, à la tête de l’Autorité des relations sociales des plateformes d’emploi (Arpe), l’organisme rattaché au ministère du Travail qui supervise l’organisation de ces élections. Prix minimum des courses, protection sociale, conditions de déconnexion… Tous les sujets brûlants vont être au menu d’une grande négociation qui débutera à l’automne prochain.

Seize organisations

L’objectif assumé du gouvernement est de couper l’herbe sous le pied à la directive européenne de décembre dernier, qui prévoit que les travailleurs des plateformes se voient accorder une présomption de salariat s’ils se trouvent dans une situation de subordination à celles-ci. Ce qui a fait bondir les mastodontes du secteur comme Uber, qui voient leur modèle menacé. Alors forcément l’initiative tricolore est plutôt bien accueillie: « Les élections sont une étape majeure de la construction du dialogue social sectoriel, un mécanisme souple et efficace qui a fait ses preuves en France », avance un porte-parole d’Uber. Et d’ajouter:

« Il s’agira ensuite pour les représentants des travailleurs et des plateformes de mener des discussions afin d’aboutir à la mise en place d’un socle universel de droits et protections. Nous y prendrons toute notre part. »

Concrètement, deux scrutins électroniques vont être organisés du 9 au 16 mai, le premier pour élire les représentants des chauffeurs de VTC, le second, ceux des livreurs de repas. Au préalable, l’Arpe a retenu les candidatures de seize organisations qui devront obtenir au moins 5% des voix des 180.000 livreurs votants afin d’être représentatives. Parmi les mouvements choisis figurent des associations (Union indépendants, VTC France, Association des chauffeurs indépendants lyonnais), des organisations professionnelles (Fédération nationale des autoentrepreneurs, Fédération nationale des transports routiers) mais aussi des syndicats plus classiques comme FO, la CGT ou l’Unsa.

Pour ces derniers, il s’agit de ne pas rester cantonnés au vieux monde du travail, en mettant un pied dans la porte des indépendants. Par exemple, FO a créé une branche « travailleurs des plateformes » au sein de sa fédération des transports pour concourir à ces élections:

« En tant qu’organisation, on ne pouvait pas rester à l’écart, même si défendre ce public n’était jusqu’à présent pas notre tradition syndicale » . Même son de cloche au sein de la CGT: « Nous ne sommes pas pour la politique de la chaise vide, avance Ludovic Rioux, coordinateur des collectifs CGT livreurs.